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Reprendre la main face au vandalisme Reprendre la main face au vandalisme

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Après le fiasco de Sivens, il y a quelques années, le même bourbier va-t-il se reproduire dans le Centre-Ouest, avec le projet de 16 réserves de substitution, dont certaines sont en cours de construction ? Cela en prend le chemin si l’on regarde l’actualité brûlante des dernières semaines : la guerre de l’eau y a pris une tournure inédite avec plusieurs réserves - en place depuis plusieurs années - saccagées au cutter et au chalumeau ! (Lire page 14). Du jamais vu.

L’État pensait pourtant en avoir fini avec la guérilla récurrente contre le stockage de l’eau, en organisant il y a trois ans une large concertation. Une préfète à poigne, dans les Deux-Sèvres, avait en effet réussi à mettre beaucoup de monde autour de la table, y compris les ONG environnementales. Et ces dernières avaient apposé leur signature, fin 2018, au protocole qui autorise les réserves en question (1). Patatras, l’organisation qui avait refusé ce cadre, le collectif « Bassines Non merci ! », prétend aujourd’hui faire la loi et empêcher la réalisation desdites réserves. Un cran a été franchi lors de la manifestation du 6 novembre, avec le recours au grand jour à un saccage, sans que ce collectif s’en désolidarise, ni même d’ailleurs la Confédération paysanne, également présente. Dans ces conditions, de quelle légitimité peut-il donc se prévaloir ? Ce genre de protocole, intégré aux projets de territoires (PTGE), et appliqué pas très loin en Sud-Vendée, a pourtant donné des résultats dans le cadre d’un syndicat mixte (15 réserves en fonctionnement). Du reste, les associations environnementales reconnaissent là-bas l’impact positif sur le niveau des nappes dans le Marais poitevin, zone sensible par excellence, sur la base des relevés piézométriques. Alors, qu’est-ce qui cloche encore ? En fait, si ce dialogue de sourds perdure, c’est que le dossier a complètement basculé en terrain politico-idéologique. En d’autres termes, les réserves, c’est « non » par principe, quel que soit le projet présenté. Les revendications sont un méli-mélo de revanche contre le capitalisme, de décroissance, de prétexte que l’irrigation va conforter un modèle productiviste. Ce qui se passe en Sud-Vendée démontrerait le contraire…

En attendant, les agriculteurs entendent que l’État reprenne la main, en faisant respecter les autorisations données, et qu’il protège leurs biens contre ces dégradations. Justice doit aussi être rendue. En début de semaine, il a envoyé quelques signaux via la préfecture de Charente-Maritime en détachant 25 gendarmes pour la surveillance 24 h/24 des réserves. À l’heure des discussions du Varenne de l’eau, il semble que les pouvoirs publics soient décidés à tenir bon et à étendre le protocole pilote qui a été bâti en Centre-Ouest. L’incidence du changement climatique sur l’agriculture étant de plus en plus marquée, gardons à l’esprit ce principe intangible : aucune plante ne pousse sans eau, si économe soit-elle…

(1) Deux-Sèvres Nature environnement, Parc naturel
du Marais poitevin, Fédération départementale, signature en présence de la députée écologiste Delphine Batho. Au total,
19 organisations ont été
associées aux négociations après 40 réunions.

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